De la légèreté et des émotions

(...) L’écrivain Italo Calvino voyait dans la légèreté la manière en laquelle la littérature lui permettait de réagir au “ poids de la vie ”. C’est le jugement un peu amer de quelqu’un qui pressentait sa mort déjà proche. Le caractère léger des événements captés photographiquement par Oscar Molina ne sert pas au soulagement d’un fardeau existentiel, assurément parce que tel fardeau n’existe pas. La légèreté est maintenant une propriété de l’image photographique, qui agit comme lien avec d’autres regards disposés à être émus. Le photographe même définit ses images comme des “ espaces de lumière ” et ce lien avec le spectateur comme une “ résonance ”. Les phénomènes lumineux et sonore, au travers de leur qualité ondulatoire et immatérielle, sont des métaphores de la légèreté et, pourquoi pas, du spirituel. La résonance est la figure du mode de réception de l’image, mais elle exprime aussi le fait que cette dernière est plus un effet du hasard - de la genèse de la photographie – que de l’intention de dire quelque chose de concret de la part de l’auteur. La résonance, comme forme d’expérience esthétique, serait ainsi la vérification d’une affinité élective entre l’intention – implicite - du photographe de se dissoudre dans les réverbérations du sens de l’image et celle du récepteur de se trouver en elles. (...)

Enric Mira Pastor
Extrait du texte pour le livre: Fotografías de un diario. Caja San Fernando. Séville, 2004.

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