(...) Le voyage en solitaire d'Oscar Molina surprend, la rotondité avec laquelle émergent devant nos yeux des objets supposé anodins. Nus, sans mise en scène et sans décorations esthético-florales, ils forment partie d'un ensemble qui prend sens avec l'accumulation. Ensemble ils conforment une partition visuelle.
L'interprétation est à la charge du spectateur. Les silences, harmonies, rythmes sont, parfois, suggérés: présentés en soto vocce pour habiliter de nouveaux arrangements qui donneront lieu à de nouveaux rythmes visuels et à de nouvelles mélodies.
Chaque note, chaque image occupe avec modestie sa position dans le pentagramme. Certains y reconnaîtront des références hyperréalistes voilées et un effort de plus dans cette vocation naturelle de la photographie d'exalter et dignifier le plus infime des objets. D'autres se souviendront au travers d'une série sur des pastilles d'aquarelle leurs premiers pinceaux, leurs premiers gribouillages en couleur. Il y en aura même qui considéreront que chacune de ces pastilles est un document d'un expressionnisme accidentel, gestes irresponsables constitués en cadre dans le cadre.
Cependant il existe un intérêt évident chez Oscar Molina pour ne pas délimiter a priori la signification de ses images. L'utilisation du noir et blanc répond à cette intention de ne pas ajouter de piste ni d'élément strictement nécessaire.
Depuis le moment où ces images sortent du laboratoire, elles ne lui appartiennent plus et commencent à être propriété du spectateur.
Oublions donc les classifications et préparons-nous à improviser des mélodies. (...)
Alejandro Castellote
Texte pour le catalogue du Centro de
Recursos Culturales. Communauté de Madrid, 1992