Photographier plus d'un millier et demi d'ammonites part de l'idée de faire des photographies de “photographies”. Les images photographiques qui en résultent peuvent être considérées comme des fossiles de lumière, empreintes d'empreintes du temps, empreintes de hasard. D'autre part, je me suis interessé à une nouvelle existence pour ces êtres fossiles. Êtres vivants un jour, matériel inerte pétrifié, mais vivant par le temps et l'érosion durant deux cent millions d'années, et maintenant matériel photographique, textuel, culturel: trois niveaux d'“existence” ou de présence dans l'écran du temps. Le texte composé et extrait du Yi King invite le spectateur à un espace ouvert. D'une part il s'agit d'une métaphore de la nécessité du texte dans une structure avec sens; le texte avec élément de construction, comme révélateur de sens. Images et mots, ammonites et textes contenus dans une boîte de temps, parois d'ammonites et de textes latents, une boîte qui renferme un texte surgi de l'intention, la rencontre, la résonance. Parties d'un tout, tout qui renferme de nouvelles parties jusqu'à un nombre quasi infini. Le hasard, l'intention et la résonance surgissent en ouvrant cette boîte de petites histoires de temps.
Oscar Molina, 2009 . photos illus.: Jean-Denis Frater